UltraOff Chemin de Stevenson (GR70) : 170km / 4.800m D+
Très joli Ultra 170km pour découvrir les paysages sauvages du Gévaudan, du Mont Lozère et des Cévennes, dans la partie Sud du Massif Central. Sur les traces de Robert-Louis Stevenson, ce parcours suit le GR70 depuis la gare de Langogne (Lozère) jusqu’à St-Jean-du-Gard près d’Alès (Gard).
Distance : 170km
Dénivelé positif : 4.800m D+
Dénivelé négatif : 5.900m D-
Distance à plat : 220km
Difficulté : 2/5
Durée de course : minimum 2 jours
Période : toute l’année
Pays : France
Risques climatiques: météo capricieuse au Sud du Massif Central, mistral parfois violent
Animaux dangereux : patous et autres chiens de garde, notamment si vous avancez la nuit
Infos pratiques : à l’arrivée, un bus régulier dessert la gare SNCF d’Alès en 20 minutes depuis St-Jean-du Gard
Année | Nom | Temps | Détails |
---|---|---|---|
2020 (25/07/2020) | ![]() |
2 jours (44h32min) | [Récit et photos dans l’onglet suivant} |
Compte-rendu UltraOff 170K – 25/07/2020 – par Paul Manesco
Un 170km…hmmm comment dire… trop long pour imaginer un jour s’y lancer. Et un beau jour, tu te retrouves dans un train qui t’amène à Langogne, à côté de toi, un sac à dos de 5kg avec des affaires de trail. Et là tu te dis que c’est le moment de vérité, celui pour lequel tu t’entraines depuis des mois et des mois. Un moment avec toi-même. Quel est l’objectif ? Apprendre. Aucun stress sur le temps de course mais une folle envie d’arriver au panneau St-Jean du Gard.
La grande difficulté, c’est l’absence d’assistance et de ravitaillement. Il faut trouver et porter de la nourriture et l’eau, prévoir en permanence les futurs points d’eau. Et le fait de partir seul rajoute une difficulté de taille, la sécurité. On craint toujours la mauvaise rencontre à 4h du matin en forêt ou la blessure dans une zone sans réseau et là, ça peut tourner très vite très mal.
Honnêtement, il y a beaucoup plus de probabilité qu’un 170km en off n’aboutisse pas plutôt qu’il aboutisse. Et c’est exactement ce qui je suis allé chercher sur cette aventure : trouver en permanence des solutions pour avancer, lorsque le mental te lâche, lorsque tu es en train de te déshydrater, lorsque tu as faim ou que tu ne tiens plus sur tes 2 jambes. Y a-t-il encore une solution pour ne pas abandonner ? La réponse est oui. Et plus le trail avance plus tu comprends comment tu fonctionnes face à la dureté de l’épreuve et plus les solutions deviennent évidentes, jusqu’à ne plus réfléchir mais agir automatiquement: 1g de bicarbonate de sodium toutes les 5 heures pour remonter le pH qui baisse à cause de l’acidose musculaire, étirement des muscles du cou et du dos, massage de jambes à l’huile essentielle toutes les 10 heures pour éviter les crampes.
Un 170km en autonomie, c’est de la gestion non-stop. Faire des micro-sommeils de 20-30 minutes qui vont te permettre d’avancer 5 heures de plus, baisser ton rythme lorsque tout semble bien aller pour ne pas le payer cash la nuit qui suit. Parler aux locaux pour savoir où sont les troupeaux de brebis (donc les chiens de garde) sur les hauts plateaux. Gestion de poids du sac (même 5 kg sur le dos pendant 44 heures, ça peut faire très mal à la fin) :
– prendre ou ne pas prendre ce sandwich en plus qui te fait de l’œil mais qu’il faudra porter toute la nuit ?
– prendre ou pas cette batterie externe qui pèse lourd mais qui va t’assurer de l’énergie pour le GPS, le téléphone et la frontale ?
– même si la météo annonce du beau temps, prendre ou pas cette veste étanche beaucoup plus lourde que le coupe-vent.
Une seule mauvaise réponse à toutes ces questions et la situation peut très vite dégénérer jusqu’à un point de non-retour. Il y a eu quelques moments très importants qui ont fait que j’ai pu continuer dans de bonnes conditions : une rencontre avec un restaurateur sympa qui t’amène un plat de pâtes alors que son resto est fermé. Une arrivée dans un village où la superette est encore ouverte et tu peux prendre 2000 calories d’un coup. Une fontaine miraculeuse qui t’évite quelques heures de soif. Une bande de terre qui te permet de courir sur du mou alors que l’asphalte chaud a déjà fait des misères à tes pieds.
La deuxième nuit dehors s’est mieux passée que la première malgré une rencontre avec un gros chien en liberté prêt à me manger – j’ai avancé machinalement vers lui, la frontale bien dans ses yeux et il a reculé – pas mal de bruits étranges en forêt – principalement des troupeaux de sangliers, ça surprend quand ils galopent à 3m de toi. Mais les kilomètres défilent imperturbablement, tu te parles comme à un vieil ami qui te connait bien et tu sais qu’après le dur vient le facile et ensuite le dur à nouveau. Et ces paysages magiques en journée, des rencontres avec des gens au cœur gros et qui veulent t’aider. Bref, de l’humanité.
Un grand merci à tous ceux qui m’ont accompagné de près ou de loin dans cette aventure.
Paul
Album photo : https://photos.app.goo.gl/NSUe8hjwCQKbZyZ18